En ce moment, notre vie se résume à des questions essentielles. Où dormir ? Quoi manger et comment ? Quand allumer un feu ? Y a-t-il par chance une douche dans les environs ? Grâce à Hitcamp, nous avons réservé un emplacement sur le terrain d’un particulier, en plein désert, à seulement 20 miles du Grand Canyon. Notre goût pour les endroits perdus et inaccessibles a un revers : il faut beaucoup de patience pour les trouver. Google Map n’est parfois d’aucune aide pour localiser précisément certains campements. D’où notre nouvelle règle d’or : NE JAMAIS ARRIVER DE NUIT. Notre hôte nous envoie des indications pour trouver notre futur havre de paix. Nous suivons à la lettre les instructions, tels des aventuriers serrant fort contre eux une carte au trésor. Il faudra s’arrêter en plein milieu d’une route, ouvrir une barrière à première vue infranchissable, et conduire le van sur des sentiers sablonneux. Cinq grands chiens viennent nous accueillir en aboyant. Un américain à la peau tannée par le soleil visse sa casquette en jean sur son crâne, et vient à notre rencontre en souriant. Nous faisons connaissance avec ses cinq adorables molosses qui viennent réclamer des caresses. Parmi eux, le plus vieux est surnommé « Coyote killer » : c’est lui qui est chargé d’éloigner les coyotes du ranch. Plusieurs meurtres de chats et de poules à déplorer sur la propriété.
Mike nous conduit jusqu’à un terrain désert, comprenant seulement une table, un divan, quelques chaises et un feu de camp. Autour, pas âme qui vive, seulement l’axe routier qui coupe en deux les plaines arides. Immédiatement, il nous tend une bière, et nous faisons connaissance dans la joie et la bonne humeur. C’est ce qui nous plaît beaucoup dans la mise en relation entre des voyageurs et des particuliers : nous faisons de véritables rencontres. Mike a perdu son époux quelques années auparavant, avec lequel il tenait son ranch. Il a dû se séparer hélas de ses chevaux et de ses vaches, et envisage peu à peu cette reconversion vers une forme de tourisme. Il a le terrain propice, sans aucun doute ! Ses chiens viennent poser leurs têtes sur nos genoux pendant qu’il nous raconte son histoire. Viennent aussi quelques informations importantes sur la faune locale : les grosses araignées aiment se loger dans les pierres au fond du terrain, attention aux scorpions et aux crotales qui ne sont jamais loin, et « Coyote Killer » se charge de maintenir les coyotes à distance, pour éviter de nouveau meurtres de chats domestiques. Antoine me glisse que « Coyote Killer n’a pas l’air très très killer », car en effet, c’est le plus vieux de la troupe de chien, et qu’il peine un peu à marcher. Mais ne jamais sous-estimer l’expérience !
2 commentaires
Encore un très bel article. C’est fou de sentir la chaleur des gens que vous rencontrez. C’est souvent dans des endroits très isolés qu’ils sont le plus accueillants. Ce Mike me touche énormément à travers vos mots. Quant au Grand canyon ce devait être fantastique. La beauté de l’instant, de la Terre. Et une certaine frustration des photos qui ne rendent jamais justice à de tels endroits (j’ai vécu le même ressenti lors d’un précédent voyage). L’essentiel sera gravé dans votre mémoire.
Oui, Mike nous a beaucoup marqué !