Les hogans sont construits d’une armature en bois, que l’on recouvre de terre – terre qui est prise directement dans la vallée. Leur forme circulaire a une signification symbolique : elle évoque la femme enceinte, la conception dans leur mythologie, et de façon plus générale la matrice. Le trou au sommet permet l’évacuation de la fumée du poêle. Verna nous précise bien que cette maison est la maison des femmes. Les hommes n’y sont pas conviés – exception faite, donc, dans le cadre de location touristique. C’est là que l’on entre dans la sociologie : les Navajos / Dineh ont un système de filiation matrilinéaire. Autrement dit, la transmission se fait par le lignage féminin – les titres, les noms, les propriétés. Dans le hogan, ce sont donc des décisions importantes qui sont prises pour le clan. L’unité sociale n’est pas la famille nucléaire, mais une notion de famille plus élargie, celle de l’appartenance au clan. Même s’il n’y a pas de lien de sang entre les membres du groupe, toute union est proscrite et taboue, au même titre que l’inceste.
Dans la culture Navajo, la nature est un élément fondamental. Notre planète est considérée comme une mère spirituelle – une femme. D’ailleurs, leur genèse est fondée sur les êtres humains comme descendant d’une femme. Dès la naissance d’un enfant, on enterre le cordon ombilical et le placenta dans la terre, ce qui scelle un lien profond entre cette localisation géographique et l’histoire de la personne. Verna nous raconte alors le récit tumultueux des Navajos / Dineh avec leurs propres terres. Leur histoire prend ses racines en 1200 avant JC : ils vivent à l’époque en Alaska et sont divisés en plusieurs groupes. Les changements climatiques les poussent par la suite à descendre dans le sud, dans le sud-ouest des Etats-Unis et le nord du Mexique. Passant de nomades à sédentarisés du fait de la confrontation avec les colons, les conflits avec le gouvernement des Etats-Unis furent extrêmement violents au XIXe siècle. Les hostilités ont conduit 8000 Navajos / Dineh à être emprisonnés, puis déportés dans une réserve au Nouveau-Mexique, où la famine et les épidémies firent des ravages. En 1868, un traité a été signé pour permettre aux survivants de regagner leur terre d’origine, la réserve actuelle. Cette dernière n’a pas par la suite échappé aux exploitations minières et pétrolières ! Avec Verna, nous discutons sans discontinuer de l’actualité politique, de son incidence sur la réserve, et déjà, la nuit est tombée.
6 commentaires
C’est magnifique ,vous nous faites rêver ,nous profitons avec vous de ces merveilles et nous
imaginons ces grands espaces et le silence.
Finalement GPS pas si pourri!!
La lecture de votre aventure me donne la chair de poule !!!!
Profitez et continuez de nous envouter.
Gros bisous
Jacqueline et Jean-Pierre
Bonjour Jacqueline et Jean-Pierre,
Comme vos messages nous font plaisir ! Oui, finalement, ce GPS a des ressources insoupçonnées… nous sommes très heureux de tenir ce journal de bord et de pouvoir ainsi partager le quotidien avec vous,
Antoine et Samantha
sublime, comme tout les textes du blog qui me font voyager avec vous et rêver… entre ton écriture et les photos d’Antoine, l’émerveillement suit son cours !
Merci 🙂
Encore une belle aventure. Ce silence fait envie, ainsi que cette liberté et pureté que je sens dans ce lieu. Quelle chance de rencontrer une telle diversité de culture et de partager. C’est vraiment beau, cela efface les galères du GPS, qui à travers tes mots devient un personnage à part entière. Le personnage du boulet que l’on retrouve dans toutes les bonnes histoires.
Ahaha, oui ce fameux GPS…