Antoine donne un brutal coup de volant sur la droite. La voiture en face s’arrête net. Un klaxonnement pour dire merci, et les deux véhicules se croisent. Qui a eu l’idée de construire des routes à sens unique dans la montagne ? Bonne question. Il faut avoir le cœur accroché dans les virages en épingle, sans aucune visibilité. Nous voici arrivés dans la vallée d’Iya, en plein cœur de Shikoku. La côte a laissé place aux sommets vertigineux, aux ponts de lianes et aux maisons traditionnelles. Une nouvelle facette du Japon, bien plus rurale et sauvage. Nous passerons plusieurs jours dans cette zone reculée de l’île, refuge des membres du clan Taira au XIIe siècle. C’est en fin d’après-midi que nous posons nos bagages dans la guest house Yoki, apparition chaleureuse par ce temps gris et humide. Derrière son comptoir en bois, une jeune femme range des assiettes. Usin nous accueille dans un anglais impeccable, pour nous montrer notre chambre pour la nuit et les parties communes – salle de bain, salle à manger et toilettes. Il règne dans cette maison une atmosphère conviviale et familiale. La nuit tombe déjà, et de fil en aiguille, nous passons la soirée à discuter avec notre hôtesse, tous trois autour des tables. Usin vient de Taiwan, et travaille depuis plusieurs années dans cette région du Japon. Les salaires y sont meilleurs, et c’est une personne qui aime la nature. Elle nous apprend beaucoup de choses sur la vie ici. Contrairement à ce que nous aurions imaginé, Shikoku n’est pas un lieu très touristique pour les Japonais. Ayant peu de vacances, ces derniers préfèrent des destinations plus ensoleillées et moins abruptes. En revanche, de nombreux Européens avides de randonnées viennent pour assister à la saison des feuilles rouges ou gravir des sommets. Les villages alentour souffrent également de la désertification, et nous ressentons bien que passé 20h, l’animation est précisément là où nous sommes !
2 commentaires
Pffff comme tout est beau dans tes récits.
Je vous suis depuis votre départ( La parenthèse de Sam et Antoine ) sans avoir osé vous déranger de peur de faire du bruit et attirer les ours ou les frelons.
Tout est magnifique: les paysages, la route, le combi, les cabanes, les ours et les rennes.
J’ai ri de certaines situations , j’ai frémi de peur pour vous deux et j’ai été ému plusieurs fois par certains récits.
Longues routes à vous deux et faites nous palpiter de joie, de rire et de plaisir.
Latifa S
Oh merci Latifa 🙂 Ça fait plaisir ! Et Jade nous a créé un très bel espace pour qu’on puisse raconter tout ça. C’est un plaisir de te lire, vraiment !