La chambre est encore plongée dans la nuit noire. Un réveil sonne à quelques centimètres de nos futons. 5h du matin. C’est l’heure. L’esprit encore embrumé de rêves, nous descendons avec précaution les marches grinçantes. Les mains tâtonnent à la recherche de l’interrupteur. Vite, une couverture dans laquelle s’enrouler, pour se protéger du froid qui s’infiltre dans le temple. Tout le monde se dirige d’un pas mal assuré jusqu’à la salle principale, parée d’un autel du Bouddha. Sur les étagères richement décorées se succèdent des tablettes à la mémoire des ancêtres, des bougies, des livres, des fleurs, des cloches et des bâtonnets d’encens. Les objets encadrent une petite icône plaquée de feuilles d’or. Jiho arrive à son tour dans sa tenue de cérémonie, tout en se frottant le visage de ses deux mains pour se réveiller. Il contourne la boîte à offrande, se place au centre de la pièce, écarte ses larges manches puis se couche par trois fois devant l’autel. Autour, Amir, Charlotte, Antoine et moi avons installés nos coussins de méditation. Silencieux, les visages éclairés par les lueurs dorées des bougies, nous essayons de trouver une position confortable. Le moine monte les marches de la petite estrade et s’éclaircit la gorge. Le tintement d’une cloche, puis la vibration sourde d’un tambour… sa voix entonne des sutras, dont nous ne comprenons pas le sens. Déjà, chacun est un îlot de solitude, concentré sur son propre corps, sa propre pratique. Quand les sons s’éteignent, le moine marche à pas feutrés pour rejoindre le tatami, et s’installe jambes croisées au centre de la salle. Une cloche tinte à plusieurs reprises, signalant le véritable début de la méditation zazen. Jiho fait s’entrechoquer deux bâtons rectangulaires d’un bois rare, qui claquent si fort que nous sursautons tous. Un espace vient de s’ouvrir. Les minutes s’écoulent, amenant avec elles des rais de lumière qui traversent le papier des shôjis. Le soleil entre peu à peu, et nos silhouettes sombres gagnent en contours et en couleurs.
2 commentaires
Merveilleux et inspirant article pour moi qui aimerais me mettre à la méditation !
Merci
Merci Christelle 🙂