Il y a des personnes qui sont comme nos ombres. Elles fuient quand vous les cherchez, mais sont pourtant toujours derrière vous. C’est notre histoire, à Antoine et moi, une histoire de chemins de traverse, de livres et de chapitres, d’ombres et de lumières, qui dure depuis huit ans.

Antoine et moi sommes encore quelque part les stagiaires que nous avons été. Une époque lointaine, et pourtant si proche. Nous avons grandi, loin l’un de l’autre comme côte à côte. Et nous continuons de grandir.

C’est ainsi que se termine le roman Indéterminés. Par cette nécessité impérieuse de s’en aller. Les livres que l’on écrit sont chargés de mystères et de prédictions.

Partir. Cela fait longtemps qu’Antoine et moi y pensons, que nous remuons ce projet, cette envie, cette intuition. Et puis arrive le moment où tout se décide : c’est maintenant, et pas autrement. Si vous atterrissez sur ce blog, c’est que vous me connaissez peut-être pour mes livres, ou encore via ma chaîne Youtube. J’y parle de mon métier d’autrice et de créativité.

Cette liberté qui fait tant fantasmer, qui génère tant d’étincelles : la vie des créatifs, on l’imagine hors du temps et des espaces, comme à la lisière de toutes contingences matérielles. Il n’y a rien de plus faux, je l’ai de nombreuses fois expliqué.

Cela fait dix ans que je fais ce métier si passionnant, particulier et incertain. Dix ans que je me dis que je peux écrire n’importe où. Mais que la réalité, c’est que comme tout le monde, je suis dépendante de calendriers, de lieux, d’impératifs, qui font que la flamboyante liberté est souvent une douce illusion.

Qu’à cela ne tienne.

Dix ans.

Dix ans, c’est le moment pour la liberté, pour l’écriture nomade, pour autre chose.

3 pays
36 étapes
36 561 km

Ce voyage à deux, c’est notre parenthèse.

Lorsque j’écris, j’utilise très rarement des parenthèses. On pense que ce qui est entre parenthèse est superflu, que c’est accessoire. Une précision, tout au plus. Et pourtant… Quelle beauté que cet arc de cercle qui s’ouvre, sans que l’on sache exactement quand le refermer.

Si je ne mets pas de parenthèses dans mes écrits, alors pourquoi pas en mettre dans nos vies ? Une parenthèse, elle n’isole pas forcément, non. Elle encadre. Elle met à distance.

Voici donc le premier texte de ce journal bord. De cette parenthèse. Un arc de cercle que l’on trace derrière nous, et que nous refermerons en temps voulu. C’est une brèche que nous ouvrons dans notre quotidien, pour vivre autrement. Nous avons décidé de nous accorder du temps, du temps pour marcher, errer, s’émerveiller, se perdre, observer, rebrousser-chemin, sentir, oublier, créer, s’ennuyer, voir.

Bienvenue, donc, dans notre parenthèse.